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VOYAGE
2000-2001
anecdote 8.3


ANECDOTES
voyage 2000-2001
- page en reconstruction -
 


8 - Voyages difficiles

8.3 Pakistan : chaud et froid en allant vers l'Iran

Pour aller de Quetta (capitale du Balouchistan, Pakistan) à la frontière avec l'Iran, deux possibilités s'offrent au voyageur. La première est le train. Deux fois par semaine un train parcours les 700 km en ... 30 heures (quand il arrive car il est peu fiable et tombe souvent en panne d'après ce que tout le monde dit à Quetta). Il reste donc l'autre solution : le bus....

Des gros bus 'normaux' font le trajet en 12 heures, mais il n'y a pas de bus-couchettes. Voyager en petites étapes est hors de question : il n’y a pour ainsi dire rien entre Quetta et Taftan. Avec Kumiko, une japonaise, on prend soin de réserver des places à l'avant du bus (ça secoue moins) et on s'assure que le bus est air-conditionné. Quetta est à 1700 m d'altitude donc la chaleur n'est pas écrasante mais on sait qu'il fait horriblement chaud dans le désert du Balouchistan qui est à plus basse altitude.

"Inch Allah (note1), nous partirons vers 17 heures" nous dit un pakistanais, A 17h30 environ c'est le départ. Un couple tchèque voyage dans le même bus. Peu après la sortie de Quetta le bus se gare sur le bord de la route. D'autres passagers ? Non, le bus est plein et il n'y a qu'un troupeau de chèvres sur le bas-côté ...Précisément... les chèvres prennent le bus vers l'Iran !Les chèvres viennent avec nous, elles sont installées par 4 bien serrées dans les soutes du bus (Note 2). Les pauvres, si peu de place, la poussière, pas d'air. Pour nous tout va bien. Les gens dans le bus sont sympathiques et discutent un peu. Il fait bon grâce à l'air conditionné, et le bus ne semble pas être trop poussif (il avait l'air assez neuf, mais on ne peut pas toujours s'y fier) et la musique indienne n'est pas trop désagréable. On traverse un paysage désertique de collines de terres dénudées et arides. Nous faisons un arrêt à une petite mosquée pour la prière du soir au coucher du soleil. Encore quelques heures et c'est la pause-dîner dans un restaurant au bord de la route. En sortant du bus, on croit rentrer dans un four : heureusement que  le bus est air-conditionné. En repartant, c’est l’heure de dormir mais on s'aperçoit ce ne sera pas facile. Chaque véhicule en sens inverse nous éblouit de ses pleins phares puissants et oblige le bus a ralentir brutalement. La route est étroite et cahoteuse et les deux véhicules doivent mordre sur le bas-côté pour se croiser. De plus, et c'est un comble, il commence a faire froid dans ce bus ! L'air conditionné est trop puissant et il ne semble pas possible de le régler. Les passagers tentent de se couvrir et finalement le chauffeur coupe l’air conditionné et ouvre la porte. Moins d’une demi-heure suffit pour que l’intérieur du bus atteigne la température de four de ce désert. On cuit jusque Taftan où on débarque enfin vers 5h du matin. C'est un patelin poussiéreux qui n'existe que comme poste frontière. On y trouve un petit bazar de cabanes en tôle, quelques bâtiment des douanes, des grillages, et un restaurant en briques de terre. Le patron nous invite très courtoisement à nous allonger quelques heures dans une pièce cachée par un rideau jusqu'à l'ouverture de la frontière. Je dors deux heures comme un loir.

Le matin nous retrouvons nos compagnons de voyage du bus pour le petit déjeuner. Pour eux : riz, mouton chapati (pain plat, comme une grosse galette). Pour moi : confiture et chapati. Pour tous, l’excellent chai (le thé). Viennent aussi nous saluer les changeurs d'argent. Ils n'ont pas de chance, on a déjà changé nous roupies pakistanaises en rials iraniens à Quetta, où le taux était meilleur. Ils sont néanmoins aimables et blagueurs, contrairement à leurs collègues iraniens à la frontière turque, qui étaient de vrais requins. Près du restaurant, il est possible de se laver et il y a même un coiffeur-barbier pour ceux qui veulent passer la frontière fraîchement rasés. Vers 8 h nous entrons en Iran. Le garde devant la porte me demande en anglais : "D'où venez vous ?". Je lui répond : "France" et lui, avec un grand sourire : "ah Frantsa, good good, Zidane, football, good, welcome to Iran". Merci mon pote, j’aime pas le foot mais c’est pas grave.

Depuis la frontière avec le Pakistan, il y a beaucoup de chemin à travers l'Iran jusque la frontière turque

L'essentiel de cette première journée en Iran se passe dans un bus, pour ne pas changer, car la première halte, Bam, se trouve à plus de 400 km de la frontière. Nous traversons une immensité désertique, plate et monotone au possible. Au moins, on ne rate pas de beaux paysages en dormant. Les bus iraniens ont toujours deux chauffeurs qui se relaient. On se sent plus en sécurité qu’en Chine. Par contre, ils se relaient tout en conduisant, ce qui est un peu moins rassurant. On ne sent qu'un léger ralentissement et un tout petit coup de volant. Les contrôles de polices sont fréquents et les chauffeurs doivent montrer un disque, placé sous le compteur, qui enregistre la vitesse. Les policiers sont aussi à la recherche de drogue, qui transite vers l'Europe depuis l'Afghanistan. Les bus iraniens sont de vieux bus Mercedes, encore en très bon état ("Beautiful Bus" est souvent écrit en grand sur une des vitres), mais sans air-conditionné. Avant de quitter la ville de départ, le bus s'arrête pour prendre un gros pain de glace. Celui-ci est brisé à coup de marteau et les morceaux placés dans un réservoir d'eau potable à l'avant du bus. Pour lutter contre la chaleur torride le deuxième chauffeur offre régulièrement de l'eau fraîche aux passagers. A un arrêt, on rencontre une autre japonaise, qui elle a eu moins de chance avec son bus. Bien que de bonne apparence, celui-ci est tombé en panne. Les autres passagers ont choisi d'attendre mais elle a préféré faire du stop. Elle a donc fait le trajet sur le toit d'un camion. Le soir, on arrive à Bam, ville oasis dont l'attraction principale est l'ancienne citadelle de Arg-é-Bam. Pour 1000 Rials, soit l'équivalent d'à peu près 0.15 Euro / 1 Franc (note 3) en taxi, on arrive enfin à notre destination : une auberge très agréable tenue par Akbar, un drôle de personnage, ancien prof d'anglais. Quetta est maintenant à plus de 1100 km et 24 heures de bus derrière nous. Un peu de repos est bien mérité.

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Note 1 : ‘Si Dieu le veut’ [retour au texte]

Note 2 : Nos sacs sont sur le toit du bus [retour au texte]

Note 3 : L'Iran abonde en pétrole et du coup l'essence coûte seulement ...à peu près 0.02 Euro /  0.13 Franc le litre !!!! Par conséquent, le prix du transport est ridicule (200-300 km en bus pour 1 Euro) [retour au texte]

 

 

C’est la dernière de la liste.

Et pourtant, j’en ai tant d’autres…
 

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