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VOYAGE
2000-2001
anecdote 8.2


ANECDOTES
voyage 2000-2001
- page en reconstruction -
 


8 - Voyages difficiles

8.2 Chine : le voyage en bus et en train

En Chine, le réseau de transports publics est très bien développé et très utilisé. Je me déplaçais en train ou en bus "sleeper" (couchette) pour les longues distances (nécessitant une nuit), et en bus normal pour les petits trajets de quelques heures.

8.2.1 Le train : 30 heures "hard seat"

Dans les trains, il y a plusieurs catégories. La plus chère s'appelle "soft sleeper" (couchette molles) avec des compartiments fermés de 4 couchettes confortables. C'est le luxe et c'est aussi cher que l'avion. La catégorie suivante, et la plus intéressante est le "hard sleeper" (couchette dure). On dort dans des compartiments de six sans porte (3 couchettes superposées). Les chinois que j'ai rencontrés en voyageant ainsi étaient souvent très sympathiques, comme cet ingénieur qui m'expliquait en anglais l'origine des caractères chinois. Par contre, d'autres occidentaux qui avaient choisi le "soft sleeper" m'ont dit que leurs compagnons de voyage chinois, manifestement riches, étaient froids et ne cherchaient pas à discuter. Comme pour les couchettes, il existe des sièges mous dits "soft seat" et durs "hard seat". La première catégorie est équivalent à la 1ère classe en Europe. La catégorie la moins chère, dite "hard seat", quand à elle, est pour ... le peuple !. J'ai testé ...

Je quittais Guiyang pour Guangzhou (Canton) en pensant faire une première partie du voyage en train, puis faire un arrêt et continuer le lendemain en bus. De plus, ce train n'avait que peu de couchettes et toutes étaient déjà réservées. J'ai donc acheté mon ticket en "hard seat" pour Liuzhou, à 12 heures et à peu près 500 km de Guiyang. En montant dans mon wagon déjà plein, le contrôleur s'assure que je peux occuper la place que j'avais réservée. Je suis le seul laowai (étranger) en vue et les gens me regardent fixement comme souvent en Chine. Quand je bouquine ou quand j'écris dans mon calepin, ils viennent voir en curieux. Ma voisine regarde aussi, je lui demande si elle comprend. Elle connait un peu d'anglais, mais sans bien le parler ni le comprendre. Donc on commence à discuter ... par écrit. Elle écrit en "chinglish" (note 1). Ce n'est pas toujours facile de la comprendre et c'est une conversation aussi lente que le train donc on a tout le temps. Elle va à Guangzhou chez un ami pendant un mois pour chercher du travail. Elle persuade de continuer avec elle jusque Guangzhou.

La nuit arrive. Dormir ? Pas facile : les sièges sont en effet durs (comme leur nom "hard seat" l'indique), le dossier est vertical, la lumière reste allumée, les chinois fument beaucoup, tout en pratiquant le sport national : cracher par terre, les haut-parleurs diffusent de la musique criarde ou du bla-bla par intermittence. Quelques passagers parviennent à dormir mais un policier passe les réveiller régulièrement à l'aide d'une bouteille vide en plastique. Ma voisine m'explique qu'il leur dit de garder un oeil sur leur affaires pour éviter les vols et qu'il rend service (en "chinglish" : "policeman usful bottle push us"). Pourtant il me semble particulièrement impoli. Depuis le départ, le train s'est rempli toujours plus à chaque arrêt et il y a plus de monde que de place assises. Je n’arrive pas à dormir. Je regarde les gens autour. Des passagers sont accroupis dans le couloir, un autre est debout, les yeux fermés, appuyé contre le mur du couloir. Quelques rangs derrière moi, un homme est debout sur son siège et regarde les gens du wagon avec un regard vague et ahuri. Une dame, trop fatiguée, me pousse pour s’asseoir. On est 4 sur une banquette de 3. Seuls les bébés dorment tranquillement.

Après une nuit sans sommeil, le jour se lève timidement dans le brouillard. Le trajet dure 30 heures donc il reste encore toute la journée dans le train. Un employé passe régulièrement proposer à manger (du riz, des légumes, de la viande au choix, le tout servi dans une barquette de polystyrène). Dans les gares principales, des vendeurs en blouse blanche poussent un gros chariot le long du train. Ils proposent aussi des plats chauds ainsi que des sachets de pâtes instantanées, des fruits, des petites bouteilles d’un alcool fort imbuvable, et d'autres produits chinois non identifiés. C'est souvent la ruée, les gens se penchent par les fenêtres du train, tendent des yuans, hurlent pour être servis avant le départ. D'autres descendent du train. Les vendeurs sont pris d'assaut pendant les 10-15 minutes de l'arrêt. Quelques coup de sifflet, les passagers remontent, les vendeurs s'éloignent, le calme revient. A la porte de chaque wagon, un contrôleur en uniforme bleu marine se tient comme au garde-à-vous sur le quai, tourné vers l'avant du train. Un autre coup de sifflet et tous les contrôleurs montent en même temps. Illusion d’ordre. On repart.

Personne n'attend que son repas refroidisse. Les chinois sourient en me regardant manger avec les baguettes. Ce qui les étonne, c'est que je ne les tiens pas tout à fait comme eux, mais j'arrive à manger et c'est l'essentiel. Tous dévorent, crachent les os de poulet par terre à leurs pieds, parlent la bouche pleine de riz et à la fin, jettent la barquette vide par terre. Le sol du wagon est jonché de détritus. Des vendeurs ambulants proposent des porte-clés avec une petite lame qui se plie pour éplucher les fruits. Les trognons finissent aussi par terre bien sûr.

Une heure avant l’arrivée du train à Guangzhou. Avant l'arrivée, une employée passe vider la poubelle, je veux dire balayer le sol et jeter les ordures dehors. C'est immonde de voir passer ce tas de déchets qui occupe toute la largeur du couloir du train le wagon et qui finit par la fenêtre. J'ai déjà dit "immonde", donc je n'ai plus de mot pour décrire l'état des toilettes, on s'en passera.... tant mieux.

Après ce trajet, j'étais fatigué et pas trop en forme (l'estomac n'a pas aimé...). Certes le confort et la salubrité du train laissent à désirer, mais je préfère ça à l'insécurité par exemple. Ce trajet n'est pas de l'aventure comme le lecteur pourrait penser : des milliers de chinois voyagent ainsi en ce moment même. J'ai rencontré un australien retraité qui choisit toujours "hard seat" (note 2).

8.2.2 Bus "sleeper"

Certaines régions n'ont pas de desserte ferroviaire, souvent pour cause de montagnes. Le bus "sleeper" (couchette) est alors la seule solution pour les longs trajets. Je préférais souvent faire des étapes plus courtes dans des bus normaux mais ce n'était pas toujours possible (voir anecdote 7). Selon sa taille, le bus "sleeper" peut embarquer de 15 à 30 passagers. Les couchettes sont étroites et trop courtes, mais on moins on est allongé pendant les trajets de nuit, ce qui est un avantage énorme. Même si on ne dort mal ou peu, au moins on est un peu moins fatigués à l'arrivée. En effet, comment bien dormir quant on est serrés comme des sardines, que les suspensions du bus sont aussi mauvaises que la route est cahoteuse et tortueuse, que les gens autour puent des pieds et que les couvertures proposées sentent la sueur de 1000 passagers précédents....

8.2.3 Bus normal

Le bus normal n'est pas plus synonyme de confort. Ce sont souvent des "coasters", des bus de 20 places assises et d'un nombre indéfini de places debout. Un bus n'est jamais plein. Comme dans les pays d'Europe de l'Est ou en Russie, il semble toujours y avoir de la place pour un passager de plus, même quand le bus semble bondé. Dans l'Ouest du Sichuan, les bus sont plus gros et moins fréquents. Il n'y en a parfois qu'un seul par jour, qui part à 5h30 le matin, et qui tombe en panne par la suite. L'état du bus n'a apparemment rien à voir avec la probabilité d'un ennui technique. Des bus pourris peuvent arriver sans encombres et des bus qui semblent presque neufs peuvent avoir des pannes. Les crevaisons, fréquentes sur les routes en terre et en caillasse, suscitaient toujours deux questions : 1) allons nous avoir un pneu crevé dans un endroit photogénique et 2) maintenant qu'on a plus de roue de secours, est-ce qu'on va arriver au bout avant de crever à nouveau ? Une fois c’est arrivé. Le bus avait à peine roulé une heure qu'il s'arrête : fuite du radiateur. Demi-tour au bord du ravin et retour à la case départ. On arrange un "shared taxi" (littéralement : taxi partagé, un fourgon ou tiennent 8-9 personnes) avec d'autres passagers. Première crevaison sur une route qui domine une belle vallée (photos). A mi-chemin, on s'arrête à un petit relais et on change de véhicule. Un moine tibétain faisait du stop dans la direction opposée. On repart, et encore une crevaison, cette fois dans un paysage venté et sauvage de gros cailloux, mares gelées, herbes pauvres. On repart, et on crève une deuxième fois. On a dû finir les 30 derniers kilomètres dans la benne d'un camion, exposés au froid et au vent. Je passais mon temps à repousser un bidon huileux qui glissait toujours vers moi à chaque bosse de la route. Dans d'autres régions de Chine, en particulier le Yunnan, voyager est moins aléatoire. Les routes sont meilleures, les villes et villages sont très bien desservis. C'est très facile de voyager sans se soucier ni de l'heure (des bus partent toutes les demi-heures pour les destinations les plus fréquentées) ni du prix (chauffeurs honnêtes).

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Note 1 : Le "chinglish" est un mot dérivé de "chinese" et "english" qui dénomme l'anglais tel qu'il apparaît souvent en Chine. C'est en fait du chinois traduit mot à mot en anglais avec quelques fautes d'orthographe en plus, qui résulte à la fois de l'effort (tout à fait louable) de traduction et de communication et des grandes différences entre les deux langues. L'exemple suivant sera apprécié des anglophones : "Radio pronounce has bus go to my friend where" (The loudspeaker announces that there is a bus to go to my friend's place). [retour au texte]

Note 2 : et australien voyage sur sa retraite. Il doit donc faire attention à ses dépenses et le "hard seat" est la solution la moins chère. J'ai rencontré pas mal d'autres "voyageurs permanents" comme lui. Pour moi aussi, mais surtout pour eux, le proverbe "qui veut aller loin ménage sa monture" est obsolète, c'était bon pour les cavaliers. Je suis sûr qu'il préfèrerait mon proverbe modifié : "qui veut aller longtemps ménage son porte-monnaie".[retour au texte]

 

 

Anecdote suivante :

8.3 Pakistan : chaud et froid en allant vers l'Iran

 

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